11 QUAI FRANCOIS MAURIAC, PARIS

Publié le par cee

One (night ) slide :

Il est peut-être six heures, au moins cinq c'est là, toujours, que Ricardo ( Villa lobos ) est à son meilleur ( son ), le flux est une immense nappe qui fait se lever tous les bras depuis trop longtemps pour que les jambes ( et la tête ) s'en souviennent, c'est une des premières fois que le label Circus Company fait un si gros évènement, le bateau (phare) est bondé, quand soudain se degage de la nappe implacable le synthétiseur identifiable entre mille sans tête ni même sans jambes, et arrive comme un fumigène dans la déflagration globale la voix de la diva noire.

J'ai déjà, à cette époque, bénéficié des milliers de fois des effets sans limite du tube, depuis Radio 7 en passant par les clubs de l'époque ( Apocalypse, 78, Castel, Elysée Matignon & on & on & on... ), je l'ai vécu de façon il n'y en aura qu'une c'est celle-là via Eric ( Dahan ), un soir chez lui, dans ce studio du 18 eme où les murs sont des opéras, où le mobilier est un catalogue.

Mais ce matin là, vers six heures, Ricardo avec qui on riait encore deux heures avant, dans les backstages minuscules, en le regardant répondre à une interview filmée sans aucun respect des convenances en vigueur, ce matin là quand Ricardo déployant tout son ( immense ) talent de Deejay, envoie le I feel love de la grande Donna ( Summer ), il se passe un courant général, une symbiose délirante, ré-introduit en toute science par bribes, et chaque fois le public plonge et remonte les épaules, I feel love, we feel love.

We feel transe. Je dis je m'entends encore à Laurent (Garnier) qui danse à mon côté.


One  ( day ) slide :

Les Cake & Milk sont au début des années 00 ce que le millénaire annonce de plus prometteur. Un tarif ridicule, un terrain déminé des contingences municipales, une faune avide, danser le dimanche, danser dès qu'il fait beau, danser jusqu'à la nuit dimanche compris. Aussi. 
Cet après-midi là aux platines il y a Ewan ( Pearson ), Ivan  ( Smagghe ), entre autres, il fait une chaleur moite qui incite à la caï (pirniha), toute la bande composée de toutes les bandes est là, suante, lookée sous le soleil, hilare, dansante, nous sommes en clan réduit au sommet du bateau rouge, face à la foule sur les pavés en bas, nous sommes notre petit club en talons et bikinis, coupes à la main, juste à côté des platines, et jusque tard dans la nuit, s'enchainnent les occasions de penser à la chance que l'on a d'en avoir été, encore un été. 
Merci Vigo, merci Dimitri ( Perrier)

Trüby trio : Slowsupreme : Granada.


One ( night ) slide :

C'est la première fois qu'il fait sa pyjama party à Paris. Sous l'égide de Circus Company, qui là encore, donne une puissante démonstration de son nez creux.

Jamie Lidell est aujourd'hui une star bankable planétaire, son génie et ses yeux bleus, ce soir là, il est sur la scène du bateau en pyjama rayé, seul, seul avec sa voix qu'il sample et additionne, avec cette soul qui l'incarne, une heure et quelque de performance intense, le gars est seul et donne à entendre qu'il est un groupe devant un troupeau ébahi, avec Murcof, ils sont les deux seuls à avoir réussi cet exploit, emmener tout le parterre, seuls, à ce degré là de force tranquille.

One (day ) slide :

C'est l'été mais calme, Nôze est un groupe qui ne s'est encore jamais produit à Paris, formé de quatre musiciens et d'un homme de machines ( qui ne chante pas encore ).  Nôze fait vivre au free jazz sa première virée électronique en live. Ca surprend ( ceux qui n'ont pas encore entendu le premier disque )( le tout premier il est difficile à trouver), c'est tout public et il y a de tout les publics, des grand-parents, des arrières-grand-parents même, des potes, des inconnus surpris mais détendus, et dans un coin de la scène, bien calée sur une énorme caisse noire, il y a une petite fille de six mois, la nôtre, qui écoute pour la première fois son père jouer devant un public.
Je revois la robe à carreaux, je revois Ark, je ré-entends ce titre long et triste, sur lequel un beat vient sans mentir donner l'envie de se lever, je me souviens du soleil à peine troublé par l'ensemble lâché dans l'improvisation, c'était une première.

Nôze : Newlin.


One (night ) slide :

Nous sommes trois, Vigo, l'ingénieur du son et moi, le staff s'agite autour, dans la salle prête à bouillir mais jusqu'ici tout va nickel, le calme avant la bourrasque, Vigo rentre de la Winter conférence ( Miami ) pendant laquelle Eric ( Dahan ) a réalisé ce film sur Ivan et Aurore qui préfigurera Vegas ( Las ) et le reste. Elle m'a ramené un truc elle dit.
Elle sort le CD ( doré, je l'ai - évidemment - toujours à portée d'oreille aujourd'hui ). Sept minutes de grâce.
Qu'on demande à remettre.
Et à remettre.
Et peu à peu l'ingé son et le staff souriant de la répétition s'intéressent, et au cinquième passage, on est là en petite équipe comme si la soirée était derrière, Vigo a ce sourire qu'elle a souvent, avec une mélancolie derrière ( et toute la bonté du monde ), cinq fois, six fois... jusqu'à l'ouverture.

Grâce pure.

The Family Worship Melody : Praise & Workship.









 

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